Saint-Césaire est situé en Charente-Maritime, à une quinzaine de kilomètres de la ville de Saintes. Les premières fouilles sur le gisement furent effectuées sous la direction de François Lévêque et se sont échelonnées sur une période de 12 ans, de 1976 à 1987. En 2013, les fouilles ont redémarrées sous l’impulsion de François Bachellerie (Service d’Archéologie, Alsace, France) et d’Eugène Morin (Université Trent). En 2015, Isabelle Crèvecoeur (CNRS, France) a pris le relai du projet, les fouilles ayant toujours cours. Le matériel mis au jour à Saint-Césaire s’étale chronologiquement entre la fin du Paléolithique moyen et l’Aurignacien évolué (vers 32,000 ans avant aujourd’hui).
Exemple de coupe stratigraphique à Saint-Césaire
Le débat
En 1979, les fouilles à Saint-Césaire ont révélé la présence d’un squelette néandertalien associé à une industrie châtelperronienne. Cette découverte, révolutionnaire à l’époque, fut à l’origine d’un vif débat parmi les archéologues puisque le Châtelperronien, une industrie précoce typique du Paléolithique supérieur, était alors considéré comme une émanation des groupes anatomiquement modernes, et non pas un produit de l’activité des Néandertaliens. La découverte ait venu bouleverser cette idée reçue.
Ceux qui, comme François Bordes (1981), ont refusé d’accepter l’idée d’une association entre le squelette néandertalien et le Châtelperronien ont évoqué la possibilité que cette industrie ait été contaminé par des niveaux paléolithiques moyens sous-jacents. Cette hypothèse a également été soutenue par Ofer Bar-Yosef et Jean-Guillaume Bordes (2010) et, plus récemment, par Brad Gravina et ses collaborateurs (2018). Les nouvelles fouilles à Saint-Césaire devraient permettre de jeter une lumière nouvelle sur la nature de cette association.
Les fouilles de 2015 à Saint-Césaire
Les recherches actuelles
Les nouvelles fouilles à Saint-Césaire ont livré une faune abondante. Le matériel récolté présente de nombreuses similitudes avec celui provenant des fouilles Lévêque. La faune du Paléolithique moyen est dominée par le bison (Bison priscus) et le cheval (Equus caballus), tandis que le renne (Rangifer tarandus) domine dans les niveaux paléolithiques supérieurs.
Un résultat important émanant des nouveaux travaux à Saint-Césaire concerne le lithique. Le niveau EJOP, qui correspond à l’unité dans lequel le squelette néandertalien fut découvert, contient une proportion importante d’artéfacts associés au Paléolithique moyen. En fait, ces objets sont même plus nombreux que ceux considérés diagnostiques du Paléolithique supérieur, ce qui soulève certaines questions quant au mode de déposition des objets dans cette couche (Gravina et al., 2018). Un second résultat d’importance concerne la faune. La zone récemment fouillée pour le Paléolithique supérieur contient un nombre important de grands fragments d’andouiller de renne et, fait étonnant, de fragments de côte de rhinocéros laineux (Coelodonta antiquitatis), dont certains présentent des marques de découpe avec un outil en pierre. L’objectif des prochaines campagnes de fouille visera à mieux cerner l’origine et la fonction de cette accumulation qui a peu d’égale dans le sud-ouest de la France.
Mandibule de rhinocéros laineux découverte à Saint-Césaire
Bois de renne découvert à Saint-Césaire
Sources
Bordes F. 1981. Un Néandertalien encombrant, La Recherche 122:644–645.
Bar-Yosef O. and J-G Bordes. 2010. Who were the makers of the Châtelperronian culture? Journal of Human Evolution 59:586–593.
Gravina, B., F. Bachellerie, S. Caux, E. Discamps, J.-P. Faivre, A. Galland, A. Michel, N. Teyssandier, and J.-G. Bordes. 2018. No reliable evidence for a Neanderthal-Châtelperronian association at la Roche-à-Pierrot, Saint-Césaire. Scientific Reports 8: Article: 15134.