En Europe, la transition entre le Paléolithique moyen (une période comprise entre 300,000 et 40,000 ans avant aujourd’hui et dominée par des outillages en pierre façonnés sur éclats) et le Paléolithique supérieur (entre 40,000 et 10,000 ans avant aujourd’hui, associé à des outillages en pierre façonnés sur lames) constitue un épisode mouvementé marqué par des changements culturels et biologiques significatifs. On suppose par ailleurs que ces changements ont été associés à de profonds bouleversements démographiques. En effet, il est généralement admis que les Néandertaliens d’Europe occidentale ont été remplacés il y a quelques 40,000 à 30,000 ans par des groupes anatomiquement modernes (Homo sapiens, nos ancêtres directs) venus d’Afrique. Alors que certains voient d’importantes similitudes comportementales entre Néandertaliens et groupes modernes, d’autres considèrent qu’il existe des différences significatives entre ces mêmes populations, notamment en ce qui à trait à la culture matérielle, les besoins énergétiques, les régimes alimentaires, la capacité d’exprimer une pensée abstraite et d’utiliser des symboles, etc.
Le programme de recherche dirigé par Eugène Morin (Université Trent) et financé par le Conseil de Recherches en Sciences Humaines du Canada (Bourse CRSH #435-2013-0993) a pour but de réexaminer la chronologie, les vestiges mis au jour et mieux définir les contextes paléo-environnementaux (anciens environnements) de quatre sites successivement occupés par des groupes néandertaliens et anatomiquement modernes. Plus spécifiquement, l’objectif de ce programme vise à mieux comprendre la nature des interactions entre ces populations en se penchant sur les aspects suivants :
- Mieux appréhender la variabilité comportementale entre Néandertaliens et premiers groupes modernes et ce, à travers l’étude de la culture matérielle (outillage en pierre, utilisation de l’os à des fins non-alimentaires), des stratégies de subsistance (étude des restes d’animaux, os et dents) et de leur organisation;
- Analyser les liens technologiques possibles entre le Châtelperronien et l'Aurignacien, deux industries lithiques (lithiques=en pierre) diagnostiques de la phase de transition menant au Paléolithique supérieur;
- Réévaluer nos connaissances quant à la chronologie des changements climatiques marquant la transition entre le Paléolithique moyen et le Paléolithique supérieur au moyen de nouvelles dates radiocarbones (méthode du Carbone-14) et de nouvelles données isotopiques (la proportion relative de différents isotopes retrouvés dans les os et les dents varient en fonction de l’approvisionnement en eau, nourriture, etc., et est utilisée pour mesurer les changements environnementaux)
Les collaborateurs suivants participent au programme:
- Eugène Morin (Université Trent)
- Isabelle Crèvecoeur (CNRS, France)
- Hélène Rougier (California State University, Northridge)
- Cédric Beauval (Archéosphère, France)
- Brad Gavina (Université de Bordeaux)
- Elise Tartar (CNRS, France)
- Carolina Mallol (Universidad de la Laguna, Tenerife)
- Jean-Guillaume Bordes (Université de Bordeaux)
- Jean-Christophe Castel (Muséum d’Histoire Naturelle de Genève)
- Marianne Deschamps (Universidade de Lisboa)
- Damien Flas (Université de Liège)
- Gilbert Tostevin (University of Minnesota)
- Mile Bakovic (Centar za konzervaciju i arheologiju Crne Gore)
- Nikola Borovinic (Centar za konzervaciju i arheologiju Crne Gore)
- Robert Whallon (University of Michigan)
- Elspeth Ready (University of Nebraska-Lincoln)