La séquence culturelle du Piage est particulièrement importante pour comprendre la transition entre le Paléolithique moyen et le Paléolithique supérieur. Les premières campagnes de fouilles au Piage débutèrent en 1958 sous l’égide de F. Champagne et R. Espitalié. Les données stratigraphiques furent alors interprétées comme témoignant de la contemporanéité des Néandertaliens et des groupes anatomiquement modernes. Cette hypothèse s’appuyait sur la nature des outillages lithiques qui suggérait une occupation du site en alternance par ces deux populations distinctes. Toutefois, des travaux plus récents ont montré que cette apparente alternance d’occupations était en fait le résultat d’un problème de solifluxion (mouvement graduel de sédiments humides sur un substrat gelé) qui aurait causé un bouleversement des couches. Malgré ces problèmes, qui se limitent à un secteur bien précis de la fouille, le Piage demeure un site important vu la qualité de son enregistrement et la richesse du matériel. La fouille du gisement a redémarrée en 2005 sous la direction conjointe de Jean-Guillaume Bordes (Université de Bordeaux) et Foni Le Brun-Ricalens (Musée National d’Histoire et d’Art, Luxembourg).
L’aire de fouilles à Le Piage
Recherches en cours
Un des principaux objectifs des nouvelles fouilles au Piage est d’établir la connexion stratigraphique entre les sections nord et sud du site. En général, la faune et les outils en pierre sont abondants au Piage, bien que l’état de conservation des os varie entre les différents secteurs du site. En termes de composition, la faune de l’Aurignacien ancien, qui est largement dominée par le renne (Rangifer tarandus), ressemble fortement à celle documentée dans les sites archéologiques attribués à la même époque. Notre travail au Piage a également permis d’identifier une occupation mixte solutréenne et badegoulienne (occupations respectivement datées à 19,000 et 18,000 ans avant aujourd’hui). Comme c’est le cas pour l’Aurignacien ancien, le renne est l’espèce la plus fréquente dans cet ensemble mixte. Les signes témoignant de la présence de carnivores sont rares au Piage, ce qui suggère que les humains furent les principaux agents d’accumulation des animaux.