Contrairement au Piage et à Saint-Césaire qui sont implantés en plaine, Gatzarria se situe à 290m au-dessus du niveau de la mer dans le Mont Hargagne (Pyrénées françaises). Les premières fouilles sur le site furent initiées par Georges Laplace dans les années 1950, avant de prendre fin en 1976. Le site a récemment fait l’objet de nouvelles campagnes de fouilles sous la direction de Marianne Deschamps (Universidade de Lisboa) et de Damien Flas (Université de Liège). Le gisement présente de nombreuses couches couvrant le passage entre le Paléolithique moyen et le Paléolithique supérieur.
La grotte de Gatzarria
Objectifs de recherche
L’analyse à Gatzarria a principalement porté sur l’étude des stratégies de subsistance depuis les phases finales du Paléolithique moyen jusqu’à l’Aurignacien récent. Une étude entreprise par Elspeth Ready, effectuée dans le cadre d’une maîtrise à l’Université Trent (Canada), a mis en évidence différents problèmes stratigraphiques: les niveaux attribués au Châtelperronien, au Protoaurignacien et à l’Aurignacien ancien n’ont pas toujours pu être différenciés lors des fouilles Laplace. En évitant les zones où ces différents épisodes sont mal dissociés, Elspeth Ready a pu obtenir des résultats probants sur la subsistance lors de son analyse du niveau Cj, attribué au Paléolithique moyen.
Les résultats actuels
Les analyses en cours indiquent que les humains ont abondamment utilisé la grotte. À l’inverse, il y a peu d’indices d’une utilisation du site par les carnivores, et ce pour l’ensemble de la séquence. La faune associée aux niveaux paléolithiques moyens est dominée par les herbivores de grande taille, notamment le cerf élaphe (Cervus elaphus). D’autres herbivores sont également présents, mais en moindre proportion. De plus, l’analyse des os indique que l’extraction de la moelle était fréquemment pratiquée sur le site, ce qui suggère une utilisation poussée des carcasses animales. La forte représentation des restes de cerf élaphe signale que cette espèce était probablement relativement abondante à cette époque. En contrepartie, les occupations aurignaciennes montrent une forte représentation du bison des steppes (Bison priscus) et/ou de l’aurochs (Bos primigenius, ancêtre du bœuf actuel).
Les études de saisonnalité effectuées par Elspeth Ready suggèrent que Gatzarria ait été occupé pendant l’automne ou l’hiver. Il faut toutefois noter qu’en raison de la taille peu importante de l’échantillon, on ne peut exclure la possibilité d’occupations à d’autres moments de l’année.
L’alimentation à Gatzarria semble avoir été restreinte à quelques espèces d’herbivores, comme c’est souvent le cas dans les sites des Pyrénées. Il est possible que cette diversité peu marquée ait été accompagnée de faibles densités de populations chez les Néandertaliens. Il faudra cependant attendre des résultats supplémentaires avant de confirmer cette hypothèse.